Il est acquis que chaque motard a la meilleure moto qui soit, je n’ai pas souvenir d’avoir vu un propriétaire de Yamazaki crier haut et fort que l’Apricati est bien mieux que sa machine, même si ceci sera d’une évidence intangible une fois qu’il aura changé de crémerie. Alors imaginez quand on aborde le sujet des motos électriques ! Ces deux-roues qui avancent en ne faisant entendre que de discrets bruits de glissement et un semblant de sifflement, véritable affront à ceux qui ne jurent que par le son de leurs échappements libérés pour plus ou moins de bonheur auditif. Les réactions quant à elles se recoupent au saint nom du plaisir de conduite qui ne pourrait exister avec une moto électrique ! Et je faisais bien partie des plus sceptiques, logique quand on arrive à prendre du plaisir au guidon d’une Italienne aussi souple qu’une trique de bambou, dont le rayon de braquage s’apparente à celui d’un tanker panaméen, et dont la douceur de l’embrayage rend les excursions en ville aussi délicates qu’une rencontre avec un sonomètre…
à la rencontre des préjugés sur la moto électrique
La proposition d’essayer la Zero chez Auray Motos a sonné comme une blague, d’autant plus qu’elle venait de Jérémie. Je l’ai forcément esquivée, avant que Niels et Paul reviennent à la charge et finissent de me convaincre d’aller à la rencontre de mes préjugés… La présentation de la machine est rapide puisque bien qu’électrique elle n’est pas bardée de gadgets et est en fait super proche d’une moto ! Une clé de contact, deux cartographies intégrées et une troisième paramétrable, un coupe-circuit et ça roule ! Même pas besoin de démarrer, et c’est bien là que le cerveau du motard peut beuguer, on ne démarre pas, on n’embraie pas, on n’engage pas la première ! On tourne juste la poignée pour avancer, déroutant ! Forcément si votre loisir préféré est de mettre des coups de gaz à la moindre occasion, vous n’aller pas y trouver votre compte… Mais il faut avouer qu’en usage normal c’est juste génial, pas de question à se poser on tourne la gâchette et ça roule, avec une étrange sensation de profiter à 100% du plaisir qu’un deux-roues peut offrir ! Oui, le plaisir de rouler est réellement présent, peut-être même plus qu’avec un moteur thermique qui va perturber les sensations de son bruit, de son frein moteur, de devoir monter ou descendre les rapports… J’ai tellement apprécié que j’ai pensé me flageller à coup de bielles, pour expier le péché d’avoir pris du plaisir avec cette moto sans cylindres…
Plus coupleuse qu’une Ducati Diavel !
Je me suis pardonné en lisant la fiche technique : 92 N.m de couple, juste énorme pour une moto de 54 ch (quand on vous dit que la puissance n’est rien !) pour comparaison, une MT-07 ne sort que 68 N.m à 6500tr.min !! Et c’est pas fini, la version 2017 est passée à 110 N.m, quasiment autant qu’un R1 ! La version DSR sort 146 N.m, plus qu’une Ducati Diavel ! Et cerise sur la gâteau, ce couple est délivré quel que soit le régime moteur, quelle insolence… Ceci dit, il m’est paru moins brutal que sur un bicylindre, est-ce une question de gestion électronique, de transmission par courroie, ou un simple besoin de me rassurer sur ma monture ? Ce qui est sûr c’est que ça marche et que je n’ai qu’une envie, essayer la DSR…
Amortisseurs Showa !
Côté châssis, c’est aussi une grosse satisfaction. Les amortisseurs Showa sont réglables dans « tous les sens » et assurent une tenue de route parfaite. Vous pourrez demander à Niels ce qu’il en pense en usage plus intensif puisque c’est celle-ci qu’il emmène sur les courses de côte de la région et ça semble plutôt bien marcher ! Un seul disque de frein à l’avant, ça m’a surpris, ça freine bien, c’est souple, confortable et rassurant au freinage, l’ABS est prêt à intervenir au besoin.
Jusqu’à 325 km d’autonomie
La question que tout le monde se pose : l’autonomie d’une moto électrique. Le constructeur annonce 259 km en ville, 325 avec le « Power Tank » (en option), ça peut paraître juste quand on pose les temps de charge à côté (8 h pour une charge complète). Mais finalement c’est adapté à l’usage de la moto. Vous aurez largement de quoi faire votre balade sur la côte, aller travailler avec en faisant le complément de charge la nuit. Pour les gros rouleurs, la solution de faire des étapes est parfaitement imaginable grâce à la simplicité de charge, sans transformateur, la moto se raccorde directement sur le secteur avec un simple câble !
Aussi génial que déroutant !
Le bilan de cet essai ? D’un point de vu usage routier et comportement, c’est simple, c’est aussi génial que déroutant. On prend surtout conscience que la liberté tant recherchée par le motard se trouve peut-être ici, dans la découverte d’autres sensations et une presque impression de surfer sur la route, en toute discrétion… D’un point de vue financier, la comparaison avec un modèle équivalent est difficile tant la Zero est différente de la conception que l’on peut se faire d’une moto, chacun devra donc y aller de son calcul en misant sur une durée de vie des batteries qui peut aller de 400 à 700 000 km suivant la version (combien pour un thermique ?), un coût de recharge à moins de 2€ (équivalent à 0.5 l/km) la quasi absence de révision (hormis les consommables et liquide de frein), une aide du gouvernement de 1000€… Pour couronner le tout, les Zero (car il y a plusieurs versions : Streetfighter, Dual Sport, Max Performance, Max Adventure, Supermoto et Stealfighter) sont accessibles avec le permis A2, voire B pour la dernière citée, qui dit mieux ?
Pour les électrico-sceptiques…
Même moi, je n’aurai pas imaginé écrire ces lignes un jour, mais ça, c’était avant de l’essayer. Quant à vous qui jouez les électrico-sceptiques, rendez-vous chez Auray Motos pour la voir de plus près et vous laisser charmer par ses longs silences… Auray Motos, c’est 108 avenue du Général de Gaulle à Auray, vous pouvez les joindre au 02 97 29 01 29 ou les retrouver en course de côte !
Suggestions de lecture :
– Installer un indicateur de rapport engagé sur une moto «ancienne» ?
– Test de la caméra « sport » Midland H7
Une réflexion sur « J’ai essayé une moto électrique, et j’ai aimé ça… »
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