À travers ce voyage à moto, vous découvrirez l’une des plus belles régions de Russie : l’Altaï ! Cet endroit est magique. Les Russes disent qu’ici, c’est le seul endroit sur Terre où vos pensées sont les plus proches des cieux. Les montagnes qui dominent pointent vers les étoiles. La quiétude et la fureur se bousculent en même temps, la nature est reine.
Et l’Altaï décide. Lâchez prise et laissez-vous emporter par ses humeurs et sa beauté.
Bien entendu, la Russie ne pouvait pas être uniquement faite de longues routes monotones, planes et bordées de bouleaux. Je rêvais de « prendre de la hauteur ».
En soirée à Moscou, Vitali me répond : « J’ai un ami d’enfance en Altaï si tu veux… ». Un coup de fil à Max et le jour était fixé. Je partais quelques jours plus tard, sans plan, découvrir cette région dont la géographie annonçait un point culminant à 4.509 m : des vraies montagnes ! En route vers la République de l’Altaï !
Dans les Monts Altaï, les Russes disent que « c’est le seul endroit sur Terre où tes pensées sont les plus proches des cieux ». C’est aussi une métaphore qui t’indique qu’ici, tu te reconnectes avec toi-même, avec l’essentiel. Des instants indispensables dans nos vies, pour se remettre sur le bon rail. Voilà ce que sont pour moi, ces interludes de voyage : le carburant qui me permet de repartir pour « un tour ». Et revenir à nouveau faire le plein, inlassablement.
Je suis venue plusieurs fois en Altaï. À chaque périple, ce sont de nouvelles découvertes, de nouvelles rencontres. Je ne me lasserai jamais de ces paysages, de cette atmosphère si particulière qui règne ici. Où le champ des possibles est infini.
La première fois, on s’en souvient
Atterrissage à Gorno-Altaïsk, décalage horaire de 5h et dépaysement total. Sans la moindre trace de l’alphabet latin et une connaissance du russe à ses balbutiements, le vent de l’Aventure sifflait clairement. Je ne croyais pas si bien dire…
Pour un voyage loin des villes, il faut nécessairement du cash. Première mission : dénicher un guichet sécurisé pour retirer des roubles. Le chauffeur m’indique un « bankomat », « l’un des plus sûrs de la ville ». Une heure après ma 1ère tentative de retrait, puis avoir fait le tour de l’administration de l’enseigne, je ressors sans un rouble et sans ma carte… ça commence bien !
J’arrive chez Max – que je ne connais pas – en retard. J’ai perturbé son programme et le moteur de sa voiture ronronne déjà (à moins que ce ne soit mon ventre ?). Douche, repas, « wawa » : tu oublies. Max veut faire le plein pour le départ de demain et il est déjà 11h30. Il me charge dans sa voiture et me trimballera jusqu’à 17h ! Retour chez lui, je suis vannée, je ne sens pas franchement bon et je suis affamée. Mais je suis invitée, pas chez moi et bien élevée. Enfin, Max en impose du haut de ses 1.80 m / 120 kg. On grimpe chez lui et il annonce : « Maintenant, on mange ! ». Purée, je ne demande pas mieux ! C’est donc à jeun, que Max m’offre un repas dans la plus pure tradition locale, à base de vodka et de poissons crus. Après un début remarquable – c’est même bon – mon estomac finira à la limite de l’offrande de son contenu, lorsque je goûte le sperme de harengs. C’est un peu trop d’un coup. Il est 18h30, la bouteille de vodka est vide ; je vais me coucher.
5h du mat : je me réveille en sursaut. Ça tangue dur dans mon ventre. J’espère que mes origines de marin me permettront de garder le cap toute la journée. L’équipe est au complet : Max, Serguei, Andrei, l’autre Andrei et Anton. Je pars pour dix jours avec cinq imposants Russes parfaitement inconnus. Pour eux, ce sont des vacances. Pour moi, l’enjeu est beaucoup plus important ; ce voyage sera ma base de données pour proposer cette destination sur mes prochains départs. Avant mon arrivée, j’ai établi des impératifs de reconnaissance. Sans vouloir m’imposer, je fais part de mes ambitions aux garçons. Le programme leur convient et ils semblent disposés à m’aider, pour tirer le meilleur de cette petite expédition.
Ces 10 jours seront ponctués d’enchantement et de difficulté. Il y a le projet, sur le papier … et la réalité.
Durant les trois premiers jours, je me heurte à mes obsessions de travail. En face, ce sont des gars finalement plus enclins à la décontracte qu’à mes aspirations professionnelles. Et je suis malade. Je n’ose pas en parler car, premièrement, je ne sais pas exprimer mon indisposition en russe, et deuxièmement, je n’ai pas envie d’être un boulet pour le groupe. Je prends sur moi. Le 3ème jour, je ne me sens vraiment pas bien. Notre quotidien, loin du confort n’aide pas. Nous dormons en tente (Max avait décidé que je partagerai le logis avec lui), il fait froid et on ne se lave pas (je craque à J3 et plonge dans la rivière Katun qui doit faire un petit 10°C). À ce stade, il me faut des médicaments. Mal à l’aise, et après plusieurs tentatives de gestes pour me faire comprendre, j’explique à Max que je fais une cystite (vous comprenez la gêne…). J’ai besoin d’antibiotiques et la première pharmacie est très loin. Malgré ma trousse de secours, et la prise du remède approprié, ça ne m’a pas soignée. Max me passe un savon pour ne pas l’avoir prévenu plus tôt. Désormais dans l’intimité, nous réfléchissons à une solution pour le lendemain. Il est tard et cette discussion forcée sera pour moi une révélation. Max, bienveillant, passera la soirée à mes côtés. Et il me dévoilera le secret de ce lieu : « ici, si tu luttes contre les éléments, l’Altaï ne te laisse pas entrer. Tous les jours, tu es stressée, tu tentes de contrôler les choses pour respecter ton planning de travail. Mais l’Altaï décide. Si tu veux être acceptée, il faut lâcher prise ».
Le jour suivant, le vrai voyage débuta…
Nous avons pu aller jusqu’au bout de notre expédition, avec pour seule ordonnance, la promesse de revenir. Promis !
Texte et photos : Ride N’Be
Suggestions de lecture par Ride N’Be : Et quand c’est bon, on y revient – quelques mois plus tard 🔐
2 réflexions sur « « Ici, la distance entre vos pensées et le ciel est infime » 🔐 »
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